Torres del Paine est un parc national chilien emblématique dans l’univers du trekking. Un incontournable pour tout amoureux de la nature qui se rendrait en Patagonie. Victime de leur succès, ses montagnes et sentiers sont de plus en plus prisés, faisant ainsi de cet espace naturel un sujet de controverse lors des échanges entre voyageurs. Nous avons nous même longtemps hésité avant de nous y rendre (jusqu’au dernier jour, pour être honnêtes).
Alors comment s’y rendre ? Combien de temps y rester ? Qu’emporter pour y randonner ? Y dormir ? Et y manger ? Ce sont autant de questions auxquelles nous avons répondu durant les 24h précédant notre départ et que l’on souhaite partager avec vous aujourd’hui, dans l’espoir de vous simplifier la tâche le moment venu. Car entre l’équipement, la météo et le quotidien sur place, organiser son séjour dans un parc d’une telle renommée peut vite se transformer en véritable casse-tête…

Il existe probablement autant de manière de randonner dans le parc qu’il n’existe de randonneurs. Au risque de passer pour des êtres très primaires, notre organisation s’est regroupée autour de 4 thématiques basiques : s’équiper, marcher, dormir et manger. L’important étant de prendre en compte ses envies, son budget, son temps et ses capacités. Et c’est là que deux options se profilent : l’assistance et l’autonomie.
Les treks avec assistance permettent de randonner très léger (de corps et d’esprit) mais impliquent un budget qui peut s’avérer conséquent (compter entre une et plusieurs centaines d’euros par jour ne serait-ce que pour dormir et manger dans le parc). Nous avons donc opté pour la seconde option : le trek en autonomie. Cela consiste à être autonome sur l’intégralité de son trek, ce qui signifie porter tous ses équipements pendant plusieurs jours et en toute circonstance. J’insiste sur le fait que randonner en autonomie c’est avant tout se connaître pour savoir assurer sa propre sécurité et ne pas compromettre celle des autres. Ça peut sembler évident mais il est important de le garder en mémoire.

S'équiper

Être autonome, c’est donc porter tout ce qu’on choisit de ne pas payer. Et puisqu’il faut être capable de randonner plusieurs dizaines de kilomètres avec son sac sur le dos, il est nécessaire de réfléchir à chaque gramme qui le remplit. En ce qui nous concerne, nous avons emporté les items suivants :

  • Le nécessaire de camping : Tente, matelas, duvets, draps de soie
  • La nourriture : casserole, gaz, réchaud et 5 jours de vivres
  • Une tenue de randonnée couvrante, à la fois efficace pour le froid et pour se protéger du soleil en cas de chaleur. On ne peut que recommander les vêtements techniques et/ou en laine de mérinos afin de limiter les odeurs et bactéries. Avoir anticipé cet investissement nous permet aujourd’hui de randonner confortablement 4 jours avec la même tenue (promis, on pue moins que ce que vous imaginez !)
  • Une tenue chaude pour les soirées et la nuit. Même avec une météo clémente en journée les nuits ont tendance à passer dans le négatif aux heures les plus froides.
  • Deux paires de chaussettes. Parce que c'est toujours plus sympa d'aller se coucher les pieds au sec.
  • Une paire de chaussures. Nos baskets de trail font très bien l’affaire sur ce type de parcours mais des chaussures de randonnée à tige haute semblent être recommandées si vous prenez le départ du circuit « O ».
  • Une trousse de toilette minimaliste. Parce qu’on peut puer des pieds, mais pas de la bouche.
  • Une trousse à pharmacie bien remplie (« parce qu’on sait jamais » comme dirait ce cher Christophe)
  • Nos téléphones et chargeurs. Il n’y a pas/peu de signal dans le parc mais on s’en sert pour prendre des photos.

Avec tout ça, nos sacs avoisinent à vue de nez les 8/10 kg le jour du départ. L’idée étant de se répartir les poids à chaque diminution du stock de nourriture.

Marcher

Concrètement, les 3 formats de trek que l’on retrouve sont les suivants :
La randonnée à la journée : elle consiste en un aller-retour au mirador de Las Torres, autrement dit le point de vue le plus prisé du parc. Il s’agit par conséquent du sentier le plus emprunté et il n’est pas rare de la réaliser à la queue leuleu, ce qui peut s’avérer assez désagréable. C’est l’option la plus simple puisqu’elle se réalise en une journée et ne nécessite pas (ou peu) d’organisation. Sachez cependant que même à la journée vous serez tenus de payer l’entrée du parc au prix plein, ce qui n’est pas forcément rentable.
Le circuit « W » : c’est l’option que nous avons choisie et que nous détaillons (bientôt) ici. Il s’agit de 4 jours de trek dont le parcours forme une sorte de W. Les sentiers en très bon état offrent de jolies randonnées et des points de vue aussi variés qu’époustouflants. Il s’agit du format qui nous semble le plus adéquat pour un premier trek en autonomie tout en rentabilisant le prix d’entrée au parc.
Le circuit « O » : celui-ci comprend les passages du « W » auquel on ajoute une boucle de quelques jours par le nord avec de possibles passages enneigés. Il s’agit de 7 à 8 jours de trek, ce qui nous paraît un peu osé pour une première expérience autonome. D’autant que nous n’avons pas vraiment idée de la qualité de notre équipement dans ces conditions, ni du poids que l’on est capable de porter... Et on n’est pas venu là pour souffrir, comme qui dirait.

Voilà précisément le parcours que nous avons réalisé :

Entrée au parc national : 21 000 CLP (tarif en vigueur le 30 décembre 2019)
Aller/Retour en bus depuis Puerto Natales : 16 000 CLP
Navette entrée -> centre des visiteurs : 3 000 CLP
Navette centre des visiteurs -> Lac Pehoé : 5 000 CLP
Catamaran : 23 000 CLP (possibilité de s’en passer selon le parcours choisi)

Dormir

Une fois le parcours choisi, il est temps de s’atteler au couchage. Et c’est là que les finances s’en mêlent. Les logements sur place sont excessivement chers (on parle là d’un lit en dortoir qui dépasse la centaine d’euros...) alors à moins d’avoir un demi SMIC sous le coude, on vous conseille vivement de vous tourner vers le camping. Mais ne vous réjouissez pas trop vite, camper n’est pas si économique quand on se trouve au cœur d’un parc national mondialement connu. La location d’une tente, d’un matelas et d’un duvet reviennent environ à 60 euros par nuit, prix auquel se rajoute le coût de l’emplacement bien sûr (détaillé plus bas). C’est une question que nous avions anticipée bien avant notre départ de France, raison pour laquelle (entre autres) nous nous baladons avec la tente sur le dos depuis un mois. Probablement l’un de nos achats les plus rentables du voyage.

Il existe 3 compagnies sur le parc qui gèrent les campements au pied des différents sentiers de randonnées.
La CONAF (Corporación National Forestal) : elle possède des emplacements de camping gratuits, pris d’assaut. Si vous êtes motivés à réserver votre parcours des mois à l’avance cette option est faite pour vous. Personnellement, on est plutôt axés liberté et choix de dernière minute.
Fantastico Sur : des campings standards aux tarifs exorbitants. La compagnie ayant le monopole sur une partie du parc vous n’y couperez pas et nous non plus... comptez 14 000 CLP par nuit et par personne. Si vous avez toujours rêvé de dépenser 16€ pour poser votre tente sur un bout de pelouse, c’est le moment !
Vertice : ce sont les campings les plus confortables et les plus accessibles. C’est de loin notre compagnie préférée ! Comptez 6 500 CLP par nuit et par personne (avec un quincho fermé pour se faire à manger).

Dans la mesure où nous ne voulions pas réaliser ce trek « à tout prix » nous avons pris le risque d’effectuer nos réservations le 30 décembre pour un départ le 31 en laissant faire le destin. La chance souriant aux audacieux, ça a été pour nous un pari gagnant dans la mesure où la majorité des voyageurs préfèrent passer la nouvelle année dans une grande ville et non entre deux montagnes, coupés du monde. Mais on le déconseille fortement si vous tenez vraiment à randonner plusieurs jours dans le parc car même les campings les plus chers sont très demandés.
On a d’ailleurs dû faire un compromis ; l’un des campings étant plein sur le parcours W, nous avons passé deux nuits dans le même camping. Nous avons ainsi opté donc pour une première nuit au Camping Central de Fantastico Sur suivi de deux nuits au camping Paine Grande de Vertice. Nous avons donc visité le parc d’Est en Ouest (par choix et pour raisons météorologiques). Cet imprévu organisationnel nous a apporté du bon et du moins bon : nous avons pu laisser nos sacs au camping les jours 2 et 3 afin de randonner léger mais avons dû réaliser les randonnées en aller-retour en contrepartie, ce qui nous a parfois valu des randonnées allant jusqu’à 30 km.

Manger

Nouveau sujet, même constat : tu portes, ou tu payes. Comme nous avons déjà la casserole, le gaz et le réchaud (de vrais petits campeurs !) nous avons choisi d’acheter pour 5 jours de nourriture en amont (les plus matheux d’entre vous noteront le repas supplémentaire « au cas où »). On a effectué nos courses dans le plus grand supermarché de Puerto Natales, qui s’avère être le plus économique. On emporte donc un sandwich, des pâtes, du riz, des conserves de maïs et de thon, des noodles, des biscuits et de quoi préparer du porridge aux petit-déjeuners. Et comme on aime se faire du mal on ajoute à cela un apéro de nouvel an pour la première soirée : un bon vin Malbec, des cacahuètes, des chips ainsi que de la tomate, de l’avocat et du citron pour préparer un guacamole de fête. A posteriori je déconseille fortement de randonner avec une bouteille de rouge sur le dos... c’est bien plus lourd que ça n’y paraît et pas un poids simple à placer sur son dos. Une évidence vous dites ?
Sachez également que les randonneurs en fin de parcours ont tendance à se délester avant de rentrer, laissant dans les campings de la nourriture, des bouteilles de gaz et même des casseroles ! Compter dessus serait un peu osé mais pensez à jeter un œil dans les recoins des cuisines. Par ailleurs de petites boutiques sont ouvertes sur les campings en journée pour un appoint en pâtes, biscuits ou bières. Il est également possible de faire prendre en charge ses repas pour une cinquantaine d’euros journaliers (dans le cadre d'une randonnée assistée).

5 jours de nourriture : 18 euros par personne (apéro du nouvel an inclus)

Maintenant que vous savez comment vous équiper, où marcher, où dormir et quoi manger, vous pouvez enfin remplir votre sac et vous acquitter de vos droits d’entrée pour commencer le trek ! Et oui, parce qu’on rigole, on rigole mais sans les réservations de campings, la CONAF n’autorise pas l’achat du ticket d’entrée. Raison pour laquelle l’organisation est cruciale et doit se faire bien en amont. Au passage, après le 31/12, on entre en haute saison et le prix de l'entrée passe de 21 000 CLP à 25 000 CLP !

Pour plus de transparence et en comptabilisant l’intégralité de nos dépenses, ce trek de 4 jours dans le parc nous est revenu à 110 000 CLP (128 euros) soit 27 500 CLP (32 euros) par jour et par personne. Un budget, certes, mais qui n’est pas aussi élevé que les bruits qui courent. D’autant qu’une bonne organisation/anticipation pourrait bien le faire baisser davantage …

Retrouvez ici le récit de nos 4 jours de trek en autonomie dans le parc Torres del Paine !