Jour 1 - Vilnius, capitale historique
Suite à un pari hasardeux avec mon amie Laura, nous nous sommes envolées en plein hiver en direction de la Lituanie, ce petit pays balte que beaucoup peinent encore à localiser. Parties sans grandes attentes si ce n’est celle de se changer les idées, nous l’avons quittée cinq jours plus tard au même titre que l’idée faussement préconçue que l’on s’en faisait.
L’atterrissage nocturne nous laisse perplexes contrairement à notre magnifique Airbnb ; il nous faudra tout de même attendre les premières lueurs du jour pour entamer doucement la déconstruction de nos préjugés. Mais soyons honnêtes, comment ne pas tomber sous le charme d’un pays qui propose du Kouign-Amann au petit déjeuner ?
C’est donc avec un taux de glycémie et de cholestérol défiant toute concurrence que nous traversons le centre historique jusqu’à la Tour de Gediminas, seule partie restante du château de Vilnius. Nous visitons la Cathédrale de Vilnius, autrement dit l’une des 70 églises qui ornent les rues de la ville, avant de jeter notre dévolu sur le Palais des Souverains du Grand-duché de Lituanie.
Ce musée national retrace les évolutions architecturales du château ainsi que l’histoire des souverains lituaniens y ayant résidé. Ses somptueux intérieurs renferment des expositions qui vous feront voyager à travers les styles artistiques des 5 derniers siècles et l’audio-guide sera un vrai plus si vous souhaitez parfaire vos connaissances sur l’histoire du pays et ses légendes. Enfin, n’oubliez surtout pas de monter à l’observatoire pour profiter du panorama sur les toîts de la capitale.
Ces cinq heures passées au musée sont rapidement récompensées par cinq heures de détente au restaurant. La demie mesure ? Hum… encore un concept qui nous échappe…
En poussant la porte de Grey nous découvrons un bel et grand restaurant affichant à sa carte un menu dégustation des spécialités lituaniennes. Notre coup de cœur revient sans conteste à la soupe froide de betterave à l’aneth servie en entrée : la Šaltibarščiai (si vous savez dire « je suis passé chez Sosh », vous devriez arriver à le prononcer). Le premier plat à base de hareng fumé est aussi esthétique qu’original avec son côté aigre-doux, le second quand à lui me rappelle la texture d’un mochi ; il s’agit du fameux Cepelinas, une pomme de terre fourrée à la saucisse, accompagnée de crème et de bacon. Place au dessert et à l’étonnant šakotis, un gâteau à la broche plein de piquants au goût proche d’un biscuit parfumé. Et pour faire glisser tout cela : de la Švyturys (la bière locale), du Suktinis (l’alcool fort local), un peu de vin chaud et … un Doliprane. 🙃
Jour 2 - Du centre historique à la République d'Užupis
Le lendemain, les températures sont négatives et leur ressenti avoisine les -10°c. Bien couvertes, nous rejoignons notre guide Raminta sur les marches de l’hôtel de ville pour une visite guidée de Vilnius. Après un rappel historique et quelques anecdotes sur les symboles de la capitale, nous entamons les deux heures de promenade offertes par Vilnius With Locals.
Déjà charmées par son centre historique inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, nous quittons à présent les grands axes de Vilnius et découvrons avec étonnement de minuscules ruelles menant à des cours cachées. L’histoire du pays est telle que certaines rues sont nommées en polonais alors que d’autres sont plutôt réputées pour posséder des commerces allemands. Ce que nous remarquons surtout, chauvines que nous sommes, c’est la présence de nombreuses enseignes françaises, probablement due au passage de Napoléon. Sachez qu’il est également possible de visiter l’Université de Vilnius ; ses cours colorées nous donneraient presque envie de reprendre nos études.
Nous traversons à présent la frontière de la république alternative d’Užupis. Pour y circuler librement il suffit de s’inspirer des pictogrammes présents à l’entrée : souriez, n’allez pas trop vite, soyez créatifs et ne tombez pas dans la Vilnia. Cet ancien quartier délabré de l’époque soviétique doit sa réhabilitation aux artistes du pays et possède aujourd’hui ses propres citoyens, ses dirigeants, son hymne mais aussi et surtout son exceptionnelle constitution.
En sillonnant les rues nous tombons sur de nombreux pianos abandonnés, des graffitis futuristes et pléthore de décorations plutôt éclectiques. A la sortie du quartier nous apercevons le temple de la littérature lituanienne ; chaque plaque ornant les murs pastels de cette rue réfère à un ouvrage citant positivement le pays.
Nous connaissons à présent Vilnius comme notre poche, et profitons d’un bon brunch dans le café le plus tape-à-l’oeil de la rue : le Sugamour.
L’habituelle promenade digestive mène nos âmes d’enfants au Musée des Illusions de Vilnius pour une après-midi aussi originale qu’amusante. Entre effets d’optiques, étrangetés scientifiques et illusions numériques, notre cerveau est mis à rude épreuve. Je n’ai pas souvenir de m’être déjà tant amusée dans un musée, un vrai bonheur pour clôturer la journée.
Jour 3 - Trakai, un château sur un lac gelé
Avec un ressenti plafonnant à -17°c, nous avons bien conscience d’entamer le jour le plus froid du voyage. Par chance le soleil est de la partie, mais ce n’est pas pour autant que nous pourrons nous soustraire à l’épreuve de la superposition des couches. Voilà à peine 24 heures que Karl Lagarfeld nous a quitté et Laura se permet déjà d’enfiler un débardeur SUR une marinière... C’est donc activement recherchées par la brigade du style que nous montons à bord d’un bus en direction de Trakai, chouchoutées par les grands-mères lituaniennes. Cette petite ville karaïte à 30 kilomètres de Vilnius est très réputée pour son château et ses maisons colorées.
Près de deux kilomètres séparent la gare routière du château de Trakai, l’attraction phare de la ville. En marchant, nous atteignons rapidement les rives du lac Galvé, complètement gelé. Sa blancheur éblouissante nous séduit. En s’en approchant, nous découvrons des cercles très finement gelé probablement percés pour la pêche, à travers lesquels j’aperçois quelques poissons. Une fois les dernières hésitations envolées, voilà que nous foulons cet immense lac gelé. Cette première expérience d’une beauté indescriptible restera longtemps gravée dans nos mémoires.
Frigorifiées, nous choisissons de poursuivre en direction du château afin d’en faire la visite. Il faut savoir qu’avant Vilnius, Trakai était la capitale de la Lituanie et que par conséquent ce château médiéval a été la résidence des Grands-ducs de Lituanie. A l’instar du Palais des souverains évoqué plus haut, vous y trouverez de merveilleuses collections et leurs histoires allant du trophée de chasse aux créations du XXème siècle. Ne ratez en aucun cas l’étonnante collection de pipes à travers les siècles, elle vaut le coup d’oeil !
De retour à Vilnius pour le coucher du soleil, nous traversons quelques rues réputées pour le street-art et nous retrouvons face au célèbre baiser échangé par Trump et Poutine, transformé en échange de fumée suite à des dégradation. Au second plan, Hitler et son brassard Peace and Love reviennent du marché, OKLM.
Jour 4 - Mémoires d'un triste passé
Le voyage touche à sa fin et nous décidons de passer notre dernière matinée au Musée du KGB afin de mieux comprendre le récent et douloureux passé d’un pays que nous commençons à beaucoup affectionner. Mes premières impressions me ramènent deux ans en arrière, lors de mon inoubliable visite du musée du génocide à Phnom Penh (Cambodge). Il s’avère néanmoins que la majorité des pièces ici présentées ont été reconstituées, ce qui rend la visite un peu moins éprouvante. La Lituanie a malheureusement subi l’intelligence d’alliances malfaisantes et a enchaîné les occupations soviétiques, nazies, puis de nouveau soviétiques… avant d'être confrontée à l’échec dans sa lutte pour l’indépendance et de voir des milliers de citoyens déportés dans des camps sibériens dans d’atroces conditions. L’injustice se lit sur les visages du peu de visiteurs présents, mais elle est remplacée par le dégoût lorsque nous entamons la visite de la cour et des salles de torture. Comment l’Homme peut-il déployer tant d’énergie à entreprendre de telles horreurs ?
Bien que la Lituanie ait retrouvé son indépendance en 1991, j’estime qu’il est indispensable de faire vivre son histoire afin qu’elle ne tombe jamais dans l’oubli et, par dessus tout, qu’elle serve d’exemple à ne jamais reproduire.
La tête pleine et le cœur lourd, nous nous apprêtons à refermer cette parenthèse glacée, conquises par la découverte d’un pays injustement méconnu. Nous garderons en mémoire le sourire de ses habitants, la curiosité de sa langue et de son alphabet, la couleur de ses bâtiments, mais surtout et à notre plus grand étonnement : ses avancées écologiques et technologiques ! C’était un plaisir de visiter la Lituanie et notre petit doigt nous dit que ses copines Lettonie et Estonie cachent sans doute elles aussi bien des surprises … 🙂