Medellín, capitale du crime ville de l’éternel printemps
Depuis notre hublot, nous admirons la végétation de la région d’Antioquia. Elle laisse présager un climat bien plus agréable que celui de la côte caribéenne à cette période de l’année. C’est donc sans grands regrets que nous laissons derrière nous les orages tropicaux de Carthagène des Indes au profit de la douceur medellinienne.
Logée au cœur d’une vallée haute de 1500 mètres, la deuxième ville de Colombie endosse aussi le titre de capitale culturelle. Les habitants de sa région se nomment les paìsas et leur énergie se retrouve dans leurs sourires. Difficile d’imaginer que Medellìn vivait ses heures les plus sombres l’année de notre naissance. La ville, ses infrastructures et sa sécurité évoluent bien plus vite que la réputation qui lui colle à la peau ; si vite que son taux de criminalité la place même en deçà de celui de Paris. Ces chiffres sont à nos yeux la preuve d’une évolution positive du monde et de l’humanité.
Rapidement, nous comprenons que Medellìn fait partie de ces villes qui se vivent davantage qu’elles ne se visitent. En guise de premier aperçu, nous avons choisi de participer à un Free Walking Tour aux côtés de Juan, un guide aussi amusant qu’intéressant. Et croyez-nous, il en faut de l’humour lorsque l’on doit quotidiennement se replonger dans des souvenirs d’enfants mêlant drogues et crimes en tous genres. Juan est touchant sans pour autant adopter de discours larmoyants ; le naturel avec lequel il nous rapporte la vie Colombienne des années 80/90 est déconcertant.
Par le passé Medellìn fut l’une des majeure productrice et distributrice de cocaïne sous le contrôle principal d’un Pablo Escobar extrêmement violent. Il acceptait dans son cartel toute personne susceptible de faire croître son réseau de narcotrafiquants. La vie des habitants à l’époque s’en est retrouvée tristement affectée mais la mort du baron de la drogue en 1993 a permis à la ville de se reconstruire et d’aller de l’avant. Juan nous conte alors les réussites, les fiertés et les avancées de Medellín, telle que la mise en place de l’unique métro du pays, signe majeur de développement urbain.
Après cette page historique, Juan nous guide au travers des places et monuments les plus célèbres de la ville. Le centre administratif, La Alpujarra, est entouré d’immenses édifices gouvernementaux cohabitant parfaitement avec une étonnante sculpture d’art moderne narrant pléthore d’histoires colombiennes. En contrebas, nous apercevons la Plaza Cisneros ; ce qui semble à première vue n’être qu’un champs de poteaux se transforme en forêt lumineuse à la nuit tombée. Encore fallait-il le savoir … De toute évidence, vous pourrez visiter cette ville 10 fois et être surpris à 10 reprises.
Plus loin, nous traversons l’ancien palais de justice, revêtant aujourd’hui la fonction de centre commercial. Vous pourrez y trouver, entre autres, quelques éléments de contrefaçon faisant ainsi l’ironie du lieu.
Parallèlement, les églises défilent mais leurs histoires ne se ressemblent pas. La visite avance et nous arrivons enfin au cœur de la ville : la tant attendue Plaza Botero. Décorée d’une vingtaine de statues de bronze offertes à la ville par l’artiste éponyme, les formes rondes et voluptueuses de ces personnages décorent la place à merveille.
Parmi ces œuvres imposantes, nous pouvons admirer au fond du parc San Antonio deux oiseaux marqués par l’Histoire : les oiseaux de la paix. Le premier, offert par Fernando Botero à la ville de Medellín en 1990 a été détruit 5 ans plus tard lors d’un festival ; une bombe y avait été déposée et son explosion fit bilan de 30 morts. Alors que les autorités s’apprêtaient à enlever ce sombre vestige, l’artiste demanda à ce que la statue détruite soit maintenue et promit d’en façonner une nouvelle qui serait exposée à ses côtés. Ce message fort scelle l’image d’un peuple n’ayant jamais cessé de se battre.
Plusieurs mois après notre visite de Medellìn, nous pensons que le tourisme peut grandement aider certaines régions colombiennes à se reconstruire et à se développer. Et si nous faisons aujourd’hui sa promotion sincère c’est parce que nous avons été marqués par les sourires admiratifs et les signes enjoués de ses habitants. Notre présence ici résonne en eux comme le symbole d’un changement de perception vis à vis de leur passé et par ces mots nous souhaitons leur offrir la preuve que leurs efforts d’ouverture sur le monde ne sont pas vains.
Guatapé & la Piedra del Peñol
Amoureux de panoramas, il nous était impossible de passer à côté de l’ascension du Peñon ; un imposant et surprenant monolithe naturel s’élevant au dessus du lac artificiel d’El Peñol. Depuis Medellìn il faut compter environ deux heures de virages et de beaux paysages avant d’entendre le chauffeur s’écrier « La Piedra ! ». Notre niveau d’espagnol ne casse pas trois pattes à un canard, certes, mais la clarté de ce signal nous paraît indéniable. Alors comment expliquer le sentiment de solitude qui nous envahit face à l’une des attraction touristique majeure de la région... ?
Après discussion, nous réalisons tout simplement qu’il est encore tôt et que par conséquent l’avenir la Piedra del Peñol nous appartient ! Mais toutes les belles expériences se méritent et le temps est venu pour nous d’entamer la montée des quelques 740 marches qui nous séparent de son sommet. Autant vous dire que dans un environnement si merveilleux, nos yeux et nos esprits sont bien assez sollicités pour ne pas voir les marches défiler.
Nous atteignons rapidement le mirador et ne pouvons que nous émerveiller face à un tel panorama. Malgré nos 2 000 mètres d’altitude, il nous est impossible de dire jusqu’où s’étendent ces dizaines de petits îlots. Le lac semble s’arrêter aux montagnes et les montagnes semblent atteindre l’infini. Quel sentiment exaltant que celui de se sentir si petit dans un monde qui a encore tant à offrir.
Des images plein la tête et le sourire jusqu’aux oreilles, nous débutons la descente de la pierre. Cette dernière s’avère plus physique que la montée et les découvertes que nous y faisons sont plutôt d’ordre anatomique. C’est dingue le nombre de muscles que l’on peut se découvrir à 200 mètres du sol !
Alors que nos jambes tremblotantes rejoignent la terre ferme nous décidons d’entamer une phase de récupération active en rejoignant le petit village coloré de Guatapé à la marche. Malgré quelques passages bitumés, le chemin est aussi appréciable que les Landais que nous y avons rencontré (coucou Laurent & Emilie :)). Les couleurs ne trompent pas, nous voilà bien arrivés à Guatapé !
Ce village arc-en-ciel à l’allure enfantine semble moins impacté par le tourisme que ce à quoi nous nous attendions. En dehors d’un escalier hautement instagramable et des deux ou trois artères principales, calme et authenticité sont de mise. Un régal pour les yeux et l’esprit.
Les ornements colorés que vous pouvez admirer sur les plinthes des bâtiments sont des zócalos. Des formes les plus simples aux représentations les plus élaborées, ils possèdent tous un sens ou une histoire. Peints après avoir été formé dans le ciment à même le mur, les habitants choisissent d’y représenter une histoire familiale, un souvenir, une passion … Les commerçants quant à eux s’en servent comme d’un élément publicitaire. Cette forme de street art a vu le jour il y une centaine d’années jusqu’à devenir aujourd’hui une tradition, égayant l’image d’un petit village aujourd’hui très apprécié.
Explorer ces nombreuses rues vallonnées nous ouvre l’appétit. Après bientôt deux semaines de plats colombiens, nos gènes européens refont surface et une envie de pizza se fait sentir. Quelle ne fût pas notre surprise en apprenant qu’un couple d’italiens tenait une pizzeria au dessus du centre ?! Au-delà de leur gentillesse et de leur talent de pizzaioli évident, nous avons y également dégusté la meilleure huile pimentée de notre existence. Autant vous dire que ce n’est pas en Colombie que l’on s’attendait à vivre un tel moment.
Tout en digérant, nous traversons une dernière fois ces ruelles emplies de couleurs avant de regagner Medellìn en bus. De là-bas, nous rejoindrons un second village agréable et coloré du nom de Salento, point de départ de l’une des plus belles randonnées que nous ayons réalisé jusqu’à présent.