Nous franchissons une nouvelle fois les portes de la Patagonie, un mois et demi après y être entrés. Nous voilà fin prêts à faire cap vers le nord du Chili et à retrouver la chaleur qui nous a tant manqué.

Comme à notre habitude, nous sommes curieux d’évoluer dans un nouvel environnement, au cœur de paysages uniques. La région des lacs et volcans chiliens est réputée pour marquer les esprits et nous comptons bien nous y construire d’incroyables souvenirs.

Sur les rives du lac Llanquihue

Après avoir exploré les caves de marbre du plus grand lac du pays, nous voilà face à son petit frère : le lac Llanquihue. Il ne possède peut-être pas la couleur envoûtante du premier mais il se démarque par une particularité bien à lui, à savoir la vue imprenable qu’il offre sur le volcan Osorno.

C’est d’ailleurs l’atout majeur de la ville de Puerto Varas. Célèbre station balnéaire semi-huppée, son avenue centrale débouche sur les rives du lac avec pour toile de fond le chapeau constamment enneigé d’Osorno.
Si le paysage nous séduit, l’atmosphère ne nous correspond guère. Le charme allemand de cette ancienne colonie s’est effacé au profit du tourisme de masse et des cafés hors de prix. C’est pourquoi nous décidons de faire d’une pierre deux coups en nous installant dans un village plus familial tout en se rapprochant du volcan. Guillaume engloutit une dernière part de küchen (tarte allemande aussi épaisse que crémeuse) et nous levons le pouce à la sortie de la ville.

En moins d’une heure nous rejoignons Ensenada, un village de 2500 habitants situé à l’extrémité Est du lac. Contre toute attente, les campings sont pleins et nous essuyons quatre refus avant d’être acceptés quelque part.
Fraîchement installés en bord de plage, nous profitons de notre première baignade du voyage. Le lac est à température idéale, le soleil chauffe notre peau et le volcan Osorno se dresse devant nous tel un géant inatteignable. L'ambiance est idyllique et le cadre harmonieux, nous avons conscience de vivre un moment très précieux.

Ensenada est également un très bon point de chute pour randonner aux abords du volcan. Toujours à coup de pouce, nous rejoignons le début d’un sentier sur les rives du lac Todos los Santos. Les touristes affluent mais peu choisissent notre itinéraire. Il faut dire qu’avec cette chaleur, ils n’ont peut-être pas tort de privilégier la fraîcheur de l’eau à la randonnée étouffante.

Nous faisons partie de la dizaine de courageux qui se décident à fouler le sol recouvert de cendres menant au pied du géant Osorno. Le sentier est relativement plat mais son revêtement friable ne nous facilite pas la tâche. Après deux bonnes heures de marche, nous nous attaquons à une montée plutôt raide d’une centaine de mètres. On ne l’avait pas vue venir ! Nichés sur les hauteurs sur lac, nous profitons d’une pause sandwiches bien méritée au cœur des éléments.

C’est aussi ça la beauté du Chili ; chaque région possède son propre climat et ses paysages associés, laissant planer cette sensation de changer de pays tous les 300 kilomètres.

Redescendus de notre perchoir, nous décidons d’effectuer le retour par un autre chemin afin de rentrer en formant une boucle. Nous traversons d’anciennes coulées de lave, gagnons quelques batailles contre les taons et longeons les bords sablonneux du lac jusqu’au parking. Ce dernier s’étant bien rempli depuis notre arrivée, on parvient à se faire déposer à l’entrée du parc Vicente Pérez Rosales sans grande difficulté.

C’est ici que se trouvent les célèbres chutes de Petrohué ; un ensemble de cascades prenant leur source dans le lac Todos los Santos. Elles ruissellent sur le noir intense du basalte créé par les éruptions d’Osorno. Ça ne fait qu’accentuer le contraste avec la clarté intense de l’eau qui s’écoule à vive allure.

Trois sentiers traversent le parc mais seul le chemin principal offre à la fois une vue sur la plus haute cascade et sur le volcan. Le second longe la rivière en contrebas et est idéal pour se rafraîchir, tandis que le dernier s’enfonce dans les sous bois entre panneaux explicatifs et feuillages.

Sur les conseils d’amis de nos amis (merci Philippine et Alexis), on se décide à rejoindre Las Cascadas. Le village de 900 habitants situé sur les rives du lac est réputé pour son calme et son charme intimiste. On s’y installe 3 jours et pratiquons pour la première fois le camping sauvage sur une plage. Quel sentiment de liberté ! On vit avec le soleil, l’admirant chaque fois qu’il se couche et l’appréciant chaque fois qu’il se lève. On prend plaisir à se prélasser sur le sable, à manger au bord de l’eau et à savourer notre indépendance patiemment acquise.

On y retrouve également Anne, rencontrée 3 semaines plus tôt. Elle partage une bribe de son voyage aux côtés d’une rencontre chilienne et nous profitons de cette réunion improvisée pour arroser son anniversaire jusqu’au milieu de la nuit.

Le temps est venu de prendre la direction du lac Villarica pour une expérience sportive qui ne s’annonce pas de tout repos !

Bus Puerto Montt – Puerto Varas : 900 CLP par personne
Camping El Trauco à Ensenada : 7 500 CLP par nuit et par personne
Saltos del Petrohué : 6 000 CLP par personne. Nous avons trouvé le prix très élevé pour la taille du parc mais le premier sentier est aménagé pour les personnes à mobilité réduite. C’est assez rare pour le souligner, surtout dans ce type d'environnement et ça saurait justifier le tarif d'entrée.


Villarica : son lac, sa ville et l’ascension de son volcan


Sautant de voitures en pick-ups, nous parcourons les 300 kilomètres qui nous séparent de Villarica. Nous vivons notre première expérience d’auto-stop à sensations fortes, assis dans une remorque, sur l’autoroute, cheveux aux vent. Plus tard nous partageons un fragment de voyage avec un membre de l’église adventiste du septième jour avant d’embarquer auprès d’un descendant Mapuche (communauté ethnique de la région, aussi appelée « peuple de la terre »). Chaque conducteur possède une histoire, des passions et des croyances qui lui sont propres et c'est cette diversité de profils qui, à nos yeux, fait toute la beauté du stop.

Sans voir le temps passer, nous voilà à Villarica. Il s’agit à la fois du nom du lac (au bord duquel nous nous trouvons), de la ville (qui se situe sur la rive ouest du lac) ainsi que du volcan (qui se situe à l’opposé du lac, vers Pucón).

Nous débutons notre escale dans la ville de Villarica, profitant de l’ambiance estivale qui y règne pour s’habituer à la musique latino qui résonne à tue tête. On apprécie les balades sur le front de mer qui regorge de stands artisanaux. D’un côté se trouve l’artisanat Mapuche et de l’autre les snacks locaux. On y dévore des churros fourrés au manjar (le dulce de leche chilien, un peu moins bon que celui du pays voisin) et on goûte au « mote con huesillos » (un thé glacé sur un lit de blé dans lequel flotte une pêche séchée). Contre toute attente, le mélange de textures est acceptable (team yaourt sans morceaux) et la fraîcheur sucrée de la boisson la rend plutôt agréable.

Le ventre bien rempli, nous filons à Pucón, une large station balnéaire située de l’autre côté du lac. Alors que Villarica grouillait de chiliens en vacances, on retrouve à Pucón une ambiance bien plus occidentale. La haute saison se fait ressentir, les prix s’envolent et on passe une soirée entière à tenter de se loger. L’anglais et le français prennent le pas sur l’espagnol. Comme bien d'autres touristes, nous sommes là pour l’une de ces activités outdoor qui font la célébrité de la région : l'ascension du Volcan Villarica.

L’ascension du volcan Villarica
Si on m’avait dit un jour qu’on gravirait un volcan enneigé en crampons, un piolet à la main, je n’y aurai jamais cru. Et pourtant ! Chaque voyage possède son lot de surprises et après avoir découvert l’andinisme, nous ne sommes pas prêts d’oublie notre passage au Chili !

Après tant d'efforts, nous avons bien gagné le droit de nous reposer une demie journée aux thermes de Menetue ! Au cœur de la nature, on oscille entre sources d'eaux chaudes et bassins minéralisés. Le cadre est somptueux et il faut dire qu'avec nos jolis bonnets de bain on rentre parfaitement dans le moule. Une première expérience agréable bien que l'on adhère moyennement à la sensation "peau de pruneau" passées les deux premières heures d'infusion. Une chose est sûre, nous sommes à présent aussi reposés que détendus !

Camping MAC Villarica : 5000 CLP par personne et par nuit
Hostel Disfruta Pucón : 11 000 CLP par personne et par nuit
Hostel Ecole à Pucón : 10 000 CLP par personne et par nuit en refuge
Sangucheria Patacon : Réputés pour être les meilleurs sandwiches de Pucón, compter 6 500 CLP pour un sandwich avec frites (qui peut aisément se partager)
Thermes Menetue : 5 000 CLP si accompagné de l'ascension du volcan. Prix plein entre 15 et 20 000 CLP.

On quitte la région des lacs et volcans des étoiles plein les yeux, fascinés par les paysages, par les rencontres et par les expériences vécues. Le voyage nous a une fois de plus apporté son lot de surprises et nous espérons avoir la chance de pouvoir un jour expérimenter l'alpinisme dans les montagnes françaises. Alors si vous connaissez les Alpes et que vous souhaitez nous recommander une agence ou un guide qui pourrait nous faire vivre une belle expérience, nous sommes toute ouïe !

Direction Valparaiso, pour réveiller notre âme d'artiste et notre conscience !